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Appel à contribution - numéro spécial septembre 2023

APPEL À CONTRIBUTIONS (NUMÉRO SPÉCIAL –  SEPTEMBRE 2023) 

L’EXPLOITATION DES HYDROCARBURES SUR LES CÔTES AFRICAINES : ENJEUX ET TENSIONS

 RÉSUMÉ

 Les littoraux africains, offrent de nouvelles potentialités en hydrocarbures et représentent aujourd’hui 9 % de la production mondiale de pétrole. L’exploration et l’exploitation de gisements en offshore profond se multiplie depuis 1980 de l’Angola à la Mauritanie et en Afrique de l’Est. Dans le cadre d’une exploitation marquée par l’ultra libéralisme, les enjeux géopolitiques sont importants à comprendre à la fois entre les états, pouvant mener à des conflits frontaliers, mais aussi entre les compagnies d’exploration et d’exploitation pétrolière. Une approche de ces dynamiques, voire de la gouvernance des États permettra de mieux saisir les enjeux et les tensions. Il s’agira d’analyser aussi les impacts de ces sites de production sur leurs arrières pays (ports, industries), d’un point de vue environnemental, économique et social, de comprendre aussi les enjeux maritimes et les conflits en mer notamment avec les pêcheries locales.

COORDINATION

·       Pr. Michel DESSE – Nantes Université (France)
·       Pr. Céline Yolande KOFFIE-BIKPO – UFHB (Abidjan – CI)
·       Pr. Anoh Paul Koffi KOUASSI – UFHB (Abidjan – CI)
·       Pr. Patrick POTTIER – Nantes Université (France)
·       Dr. Séka Fernand AYENON – UFHB (Abidjan – CI)
·       Dr. Mamadou THIOR – UCAD (Dakar – Sénégal)

ARGUMENTAIRE

 

CONTEXTE ET JUSTIFICATION 

Alors que sur de nombreux continents, la production pétrolière a commencé dès le XIXe siècle (États-Unis, Russie, Indonésie) ou au début du XXe (Moyen-Orient, Amérique du Sud), la mise au jour des gisements d’hydrocarbures fut beaucoup plus tardive en Afrique : la production démarra dans les années 1950 en Algérie, au Gabon, au Congo ou en Angola, dans les années 1960 au Nigéria et en Lybie (Favennec & Copinschi 2003 : 128). La production de pétrole en Afrique est concentrée sur deux zones et quelques pays : le pourtour du golfe de Guinée, avec un producteur majeur (le Nigéria) et plusieurs producteurs significatifs (notamment l’Angola, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale, producteur récent mais en plein développement) ; l’Afrique du Nord (Algérie, Libye, Égypte et dans une moindre mesure Tunisie) (Augé 2021 : 8 ).  

Depuis ces années 1950, consacrant le démarrage de la production, les littoraux africains, offrent de nouvelles potentialités en hydrocarbures et représentent aujourd’hui 8% de la production mondiale de pétrole (World Oil Review 2020). Si les premières exploitations se localisaient à faibles profondeurs dans le delta du Niger, l’exploration de gisements en offshore profond se multiplie à partir des années 1980 comme le bassin Tano, situé en Côte d’Ivoire par 5000 m de fond (Gogoue 2021 : 22).Ces gisements produisent depuis le début des années 2000 au large de l’Angola.   

La montée des tensions dans le golfe arabo-persique a mis en lumière l’extrême dépendance, directe ou indirecte, des pays grands consommateurs d’énergie et actuellement à la suite du conflit lié à l’invasion russe en Ukraine, les prix des hydrocarbures s’envolent rendant exploitable les gisements profonds à l’exploitation couteuse. Le développement et la croissance d’un secteur pétrolier en Afrique offshore prend donc une importance particulière pour les pays riverains comme pour les autres pays consommateurs.  Ainsi, tous les États de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est mènent des opérations d’exploitation pétrolière afin de répondre à la demande mondiale, mais aussi pour soutenir leur propre développement économique.    

Les deux principales régions pétrolière sont le Golfe de Guinée et l’Afrique du Nord. A l’instar du Nigeria, premier producteur du pétrole en Afrique, avec une production de 1,861 milliers de barils par jour, six autres pays du golfe de Guinée sont également des producteurs non négligeables ; notamment : le Gabon qui est le second producteur de la sous-région (212 000 barils/jours), l’Angola, le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, la Guinée équatoriale et le Ghana. Tandis que dix autres États en sont encore au stade de l’exploration. D’autres pays producteurs apparaissent comme la Mauritanie ou le Sénégal qui exploitera les gisements de Sangomar et de Saint-Louis dès cette année 2023. En Afrique de l’Est, le Mozambique et la Tanzanie disposent aussi de zones de production et d’un grand nombre de sites en prospection (FIDH & FHRI 2020 : 3).

 

OBJECTIFS

Effectives ou idéalisées, les États comme les collectivités locales, les communautés de base attendent des retombées positives ou négatives. Il s’agira d’analyser et de comprendre à l’échelle d’une région ou d’une façade maritime, les jeux d’acteurs qui sous-tendent les retombées de l’exploitation des hydrocarbures sur les ressources du littoral.          

Dans le cadre d’une exploitation marquée par l’ultra libéralisme, les enjeux géopolitiques sont importants à comprendre à la fois entre les états, pouvant mener à des conflits frontaliers, mais aussi entre les compagnies d’exploration et d’exploitation pétrolière. Une approche de ces dynamiques, voire de la gouvernance des États permettra de mieux saisir les enjeux et les tensions. 

Cette exploitation pétrolière et gazière impacte aussi les territoires marins et les pêcheries qui leur sont inféodées. Quelles sont les stratégies des marins-pêcheurs et plus largement des populations riveraines entre acceptation et conflits ouverts ? Les Aires Marines Protégées qui participent à la nécessaire préservation des environnements marins et côtiers seront aussi impactées par d’éventuelles pollutions, quelles sont les mesures déjà prises ? Sont-elles efficaces ? De telles dispositions ont-t-elles été également prises autour des aménagements portuaires et de stockage ? 

Enfin, cette nouvelle exploitation de la mer génère des problématiques de sureté et de sécurité en mer. En Afrique de l’Est comme dans le Golfe de Guinée, les plateformes pétrolières ou gazières cristallisent les actes de piraterie maritime.                                                                                                                                                                                               
Nous attendons de ce présent dossier, des articles de recherche scientifique qui porteront sur les axes suivants :

Axe 1 : Exploitation des littoraux et des hydrocarbures : conflits d’usage entre différents acteurs et États frontaliers

Dans les contextes d’exploitation transfrontalière d’hydrocarbures, les littoraux africains semblent souffrir d’insuffisance de cadres géopolitiques cohérents et durables de planification terrestre et marine. En effet, ces espaces sont devenus le théâtre de compétitions entre projets de territoires, à des échelles à la fois locales et internationales. Cette exploitation pourrait se traduire par des tensions entre différents acteurs appelés à se déployer (pêcheurs, exploitants et occupants traditionnels, industriels, promoteurs de projets d’exploitation minière, gazière et pétrolière).

 

Axe 2 : L’exploitation nécessite des aménagements portuaires, soit dans le cadre de ports existants, soit en créant de nouveaux complexes portuaires pour les dessertes des plates-formes d’exploitation ou de stockage

Il s’agira de présenter à l’échelle régionale ou de la façade maritime, la complémentarité des aménagements portuaires et leur intégration aux hinterland continentaux et forland maritimes.

Axe 3 : Les impacts de cette exploitation et des aménagements qui lui sont associés sur les environnements littoraux et maritimes

Peu importe la quantité, les hydrocarbures perturbent l’équilibre écologique et sont très nocifs pour les écosystèmes côtiers et marins. Les conséquences pour l’environnement sont très néfastes (marées noires, pollution des eaux). Une approche des atteintes déjà existantes comme des protocoles anti-marée noire permettront de mesurer les menaces à venir.

 

Axe 4 : L’exploitation des hydrocarbures, soulève des problèmes de sureté et sécurité en mer

Le Golfe de Guinée est devenu depuis une vingtaine d’année une importante zone de piraterie maritime, liée en partie à l’exploitation des hydrocarbures. Il s’agira de comprendre les dynamiques et si les nouvelles zones d’exploitation s’accompagnent à leur tour de problèmes de sécurité maritime. 

MODALITÉS DE CONTRIBUTION

Les résumés concis et factuels sont donnés en français et en anglais. Ils devront comprendre l’affiliation de l’auteur·e et une proposition de titre. Ils présenteront clairement le contexte de l’étude, l’objectif de la recherche, la méthode utilisée, les principaux résultats et les conclusions majeures de l’étude. Ils peuvent émaner de différentes disciplines des sciences sociales, et sont à soumettre simultanément à ces deux courriels  : revue@espacesafricains.org et revueespacesafricains@yahoo.com.

Ce numéro spécial de la revue Espaces Africains est également ouvert aux contributions libres (rubrique varia). Les contributeurs devront impérativement respecter la charte éthique de la revue, les normes éditoriales et les consignes aux auteurs ci-dessous.          

CALENDRIER

Lancement de l’appel : 06 mars 2023
Date limite de soumission des résumés : 30 mai 2023
Réponse du comité éditorial : 15 juin 2023
Soumission des articles : avant le 30 juillet 2023
Parution du dossier : 30 septembre 2023

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

AUGE Benjamin, 2021. « Conséquences économiques et politiques de la chute de la production pétrolière en Afrique subsaharienne à l’horizon 2030 », Études de l’Ifri, 34p.                                                                                                                                    

DESSE Michel, GUINEBERTEAU Thierry, MIOSSEC Jean-Marie & TROUILLET Brice, 2022. Dynamismes des façades et planifications terrestres et maritimes en Afrique. Territoires d’Afrique n°12, Université Cheikh Anta Diop de Dakar et UMR GRED Montpellier, p. 7-11. https://territoires-dafrique.org/revue-n-12-territoires-dafrique/

ENI, 2023. World Oil Review 2020, 74 p.          

FAVENNEC Jean-Pierre & COPINSCHI Philippe, 2003. « Les nouveaux enjeux pétroliers en Afrique », Politique africaine, 2003/1, n° 89, p. 127-148. DOI : 10.3917/polaf.089.0127. URL : https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2003-1-page-127.htm

FAVENNEC Jean-Pierre, 2009. « Quelles énergies ? », Géoéconomie, n° 51, p. 49-62.  
FIDH, GRA, OXFAM, CRED & NCEE, 2020. Pétrole en Afrique de l’Est : les communautés en danger. Oxfam-Fidh. Rapport, 24 p. 

GOGOUE Achille Danhoue, 2021. Le régime juridique de l’activité pétrolière offshore en Afrique Subsaharienne, le cas d’un état francophone du Golfe de Guinée : la Côte d’Ivoire, Droit. Université de Limoges, 394 p.      

GREKOU Carl, HACHE Emmanuel, LANTZ Frédéric, MASSOL Olivier, MIGNON Valérie & RAGO Lionel, 2022. « Guerre en Ukraine : bouleversements et défis énergétiques en Europe », CEPII – Policy Brief , n° 37, 15 p.   

KUPPER Claire & VAGHI Margaux, 2014. « Cartographie du pétrole en Afrique de l’Ouest »,  Note d’Analyse du GRIP, URL : http://www.grip.org/fr/node/1158     

MAURY Frédéric & DE FELIGONDE Amaury, 2020. Les ports en Afrique. Accélérer la mutation. Afrique CEO Forum et OKAN PARTNERS, 59 p.     

MIOSSEC Jean-Marie, 2019. Le désenclavement portuaire de l’Afrique du Nord de l’Équateur : enjeu du XXIe siècle dans un contexte de conteneurisation mondialisation et de tensions géopolitiques, revue Norois, 252 p.       

STECK Benjamin, 2015. Introduction à l’Afrique des ports et corridors : Comment formuler l’interaction entre logistique et développement. L’Afrique : environnement, développement et sociétés. Volume 59, n° 168, p. 447-467.   

UEMOA/DIRASSET, 2017. Schéma de Développement de l’Espace Régional (SDER) de l’UEMOA. Bilan diagnostic et orientations du SDER. Rapport de Phase 2, volume 1. État des lieux et diagnostics sectoriels, Commission de l’UEMOA, 659, p. 146 et p. 55.

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