Les grandes stratégies de la Russie au sein des BRICS (2000 à nos jours)
Russia’s main strategies within the BRICS (2000 to the present day)
Françoise Christiane NDAKISSA ONKASSA
Résumé
Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) sont devenus une force de premier plan dans les relations internationales. L’existence du BRICS par sa montée en puissance, illustre la fin de la domination occidentale et le choix du multilatéralisme dans les affaires mondiales. Cet article vise à examiner les motifs politiques de Moscou concernant les BRICS ainsi que les domaines prioritaires de la stratégie russe vis-à-vis de ce groupement. Les politiques russes envers et au sein des BRICS représentent une combinaison de motifs idéologiques et matériels. D’une part, les BRICS sont importants pour le Kremlin en termes de recherche de statut : avec l’aide des BRICS, la Russie tente de retrouver son statut de grande puissance, de façonner le futur ordre mondial et d’obliger l’Occident à respecter les règles de cet ordre. D’autre part, Moscou attache de l’importance à ses partenariats économiques et stratégiques avec les États du BRICS, qui sont importants pour le bien-être de la Russie et pour contrebalancer l’Occident dans le jeu géopolitique et géoéconomique mondial. En d’autres termes, les BRICS confèrent à la Russie un prestige supplémentaire sur la scène internationale ainsi qu’une plus grande légitimité à ses activités internationales. Contrairement aux accusations de l’Occident, dans le cas des BRICS, le comportement de la Russie en matière de politique étrangère n’entre pas dans la catégorie des révisionnistes. Au contraire, la Russie (comme les autres pays BRICS) préfère agir sur la base des règles et normes internationales existantes plutôt que de les contester ou de les maintenir intactes. La Russie vise à réformer ces règles pour les adapter aux nouvelles réalités mondiales et les rendre acceptables pour tous les membres de la communauté internationale.
Mots clés : BRICS, Coopération internationale, Russie, Stratégie, Ordre mondial.
Abstract
The BRICS (Brazil, Russia, India, China and South Africa) have become a leading force in international relations. The existence of the BRICS by its rise in power, illustrates the end of Western domination and the choice of multilateralism in world affairs. This article aims to examine the political motives of Moscow regarding the BRICS as well as the priority areas of the Russian strategy vis-à-vis this grouping. Russian policies towards and within the BRICS represent a combination of ideological and material motives. On the one hand, the BRICS are important for the Kremlin in terms of seeking status: with the help of the BRICS, Russia is trying to regain its status as a great power, shape the future world order and force the West to respect the rules of this order. On the other hand, Moscow attaches importance to its economic and strategic partnerships with the BRICS states, which are important for Russia’s well-being and to counterbalance the West in the global geopolitical and geoeconomic game. In other words, the BRICS give Russia additional prestige on the international scene as well as greater legitimacy to its international activities. Contrary to the accusations of the West, in the case of the BRICS, Russia’s foreign policy behavior does not fall into the category of revisionists. On the contrary, Russia (like the other BRICS countries) prefers to act on the basis of existing international rules and norms rather than challenge them or keep them intact. Russia aims to reform these rules to adapt them to new global realities and make them acceptable to all members of the international community.
Keywords : BRICS, International cooperation, Russia, Strategy, World order.
Introduction
Depuis quelques années, les médias internationaux ne cessent de parler d’un nouvel acteur sur la scène internationale : les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud). En effet, les représentants des BRICS non seulement se rencontrent régulièrement dans des instances internationales existantes, mais ont aussi créé des opportunités de rencontres et de coopération internationale.
La politique étrangère contemporaine de la Russie en général et dans le contexte des BRICS en particulier est un sujet à débat dans le monde occidental. Les analystes et les médias occidentaux ont souvent décrit les politiques de la Russie comme agressives, expansionnistes ou comme un retour à une « diplomatie de la canonnière ». Cette critique s’est encore renforcée avec la prise de contrôle de la Crimée par la Russie en 2014, le soutien ultérieur aux rebelles pro-russes dans la région sud-est du Donbass en Ukraine et l’intervention militaire dans la guerre civile en Syrie. Selon certains experts occidentaux, en raison de sa faiblesse économique et de son retard technologique, la Russie a tendance à s’appuyer sur des instruments militaro-coercitifs pour protéger ses intérêts nationaux dans l’espace postsoviétique et à s’affirmer dans ses relations avec l’Occident (Panova 2015 : 2).
Dans le même ordre d’idées, le groupement des BRICS est considéré par la communauté universitaire russe de deux manières différentes :
– une force révisionniste cherchant à renverser le système international existant, à créer un ordre mondial alternatif, à défier les puissances occidentales établies et à remplacer les principales institutions financières par de nouvelles ;
– un groupe de grandes économies émergentes à la recherche de moyens et d’options plausibles pour étendre leur capacité, actuellement limitée, à définir l’ordre du jour à l’échelle mondiale, à influencer le processus décisionnel et à promouvoir des changements dans l’architecture financière et économique internationale qui créeront un environnement international plus favorable au développement des pays émergents et en développement.
Les discussions sur les intentions et les motivations de la Russie en matière de participation aux BRICS font partie de ces débats en cours. Ainsi, l’objectif de la présente contribution est d’analyser la politique russe au sein des BRICS pour en comprendre les ressorts qui la structure. D’où les questions suivantes : quels sont les raisons justifiant l’engagement de la Russie ? Quels sont les acteurs privilégiés de la Russie ? Quels sont les objectifs stratégiques de la Russie au sein des BRICS ? Ces interrogations ramènent à l’hypothèse selon laquelle les raisons géostratégiques, géopolitiques et géoéconomiques se justifient par le fait que la Russie cherche à se réaffirmer dans l’arène internationale. Le choix de ces deux pays (Chine et Afrique du sud) obéit à des motivations économico- politiques et identifie l’intérêt que manifeste la Russie pour modifier l’ordre mondial à son avantage. Ainsi, les objectifs de cette stratégie sont formulés pour une stabilité mondiale et l’accroissement de sa puissance.
Concernant la littérature utilisée, l’analyse de la thématique de cette recherche est de nature interdisciplinaire. Ce qui implique de faire appel à des sources variées issues de l’histoire, des relations internationales, des relations internationales économiques, de la politique étrangère et de la géopolitique. De nombreuses études de penseurs internationaux de la politique russe ont été consacrées à cette question, notamment les travaux des auteurs à l’émergence de cette politique à savoir : (Leval 2013 : 85), (Troitskiy 2015 : 103), Goldstein, Lemoine 2013 : 117), (Kuleshova, Kuznetsova 2019 : 289), (Leonova, Popova 2020 : 163), (Panova 2012 : 2), (Toloraya 2011 : 20) et (Titarenko 2014 : 224). La thématique portant sur la politique de la Russie n’a pas réellement fait l’objet d’une recherche poussée au sein du département d’Histoire et Archéologie. Dans le même sens, il n’existe quasiment pas de mémoires sur le sujet.
Du point de vue méthodologique, la recherche s’est appuyée sur une consultation des bases empiriques des institutions russes sur sa politique étrangère, également sur un examen des travaux scientifiques portant sur la politique étrangère de la Russie, produit par des enseignants – chercheurs russes au département de théorie et histoire des relations internationales.
Ainsi, les résultats obtenus de la recherche lèvent le voile sur la question de la stratégie russe au sein des BRICS, axée sur ses raisons, ses acteurs privilégiés et ses objectifs.
1. Les BRICS : raisons géostratégiques, politiques et économiques de l’engagement de la Russie
Dans un monde longtemps dominés par les États – Unis après la dislocation du bloc soviétique, la Russie aujourd’hui a l’intention de rééquilibrer la balance des forces. Ce repositionnement par le canal d’organisations tel le BRICS, se fait progressivement sur fond de plusieurs raisons à savoir géostratégiques, politiques et économiques.
1.1. Les raisons géostratégiques
Les États membres des BRICS remettent à juste titre en question la légitimité du système existant et demandent une structure politique mondiale qui reflète l’ordre mondial multipolaire.
Les intérêts et les priorités politiques de la Russie dans le cas des BRICS sont décrits dans le document intitulé « Concept de participation de la Fédération de Russie aux BRICS » (Leonova 2020 : 163) préparé par le ministère des affaires étrangères à la veille du sommet des BRICS de Durban en mars 2013. Comme l’indique également ce document, l’intérêt de Moscou pour ce groupement international est de nature à la fois géostratégique et géoéconomique. Plusieurs raisons expliquent l’intérêt géostratégique croissant de la Russie pour les BRICS. Les BRICS constituent un groupement particulièrement utile pour la Russie, qui s’efforce depuis 1991 de trouver une identité appropriée dans l’arène politique mondiale. Ce regroupement des BRICS offre donc à la Russie une chance de réaffirmer ses aspirations mondiales, d’attirer l’attention sur ses progrès économiques (Toloraya 2011 : 18) et de mobiliser un soutien politique direct ou indirect en faveur de ses initiatives et actions internationales. En effet, le soutien politique des BRICS est devenu plus important pour Moscou après l’aggravation des tensions avec l’Occident en raison des crises en Ukraine et, plus tard, en Syrie. Lukyanov Fyodor, chroniqueur faisant autorité et président du Valdai International Discussion Club, qui est un groupe de réflexion russe influent, souligne que les BRICS sont avant tout un groupe politique qui a émergé en réponse au besoin évident d’une structure politique mondiale plus diversifiée et moins orientée vers « l’Occident » (Lukyanov 2011 : 15).
L’existence des BRICS offre au président Vladimir Poutine la possibilité de contrer les arguments des occidentaux selon lesquels la Russie serait isolée sur le plan international depuis l’annexion de la Crimée. Elle possède des alliés potentiels comme la Chine, l’Inde et stratégique comme l’Afrique du Sud. En effet, les BRICS sont devenus un symbole de l’attitude affichée par le Kremlin, mettant pleinement la Russie en confiance. Aussi, les BRICS apparaissent-ils comme une nouvelle dynamique des relations internationales, qui contraste avec les actions de l’Occident. Aussi, la Russie estime-t-elle également que les BRICS peuvent être utiles pour promouvoir la coopération internationale en matière de sécurité, plus particulièrement dans des domaines tels que la résolution des conflits, la non-prolifération des armes de destruction massive (ADM), la lutte contre le terrorisme international, le trafic de drogue, la piraterie, le blanchiment d’argent et la migration illégale. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a également souligné à plusieurs reprises que les BRICS étaient avant tout une association géopolitique voire économique pour la Russie (Lavrov 2012 : 96 ).
1.2. Les raisons géopolitiques et économiques
Les BRICS présentent un intérêt de nature géopolitique pour la Russie. En effet, les BRICS représentent un fondement d’un nouvel ordre mondial où les Etats-Unis ne domineraient plus, ou la gouvernance internationale serait centrée autour d’un « concert des grandes puissances » revisités, ou encore l’internationalisme libéral occidental serait abandonné au profit d’une certaine réaffirmation des lois et prérogatives des Etats. En d’autres termes, les BRICS sont pour la Russie, un instrument clé dont elle espère, qu’il lui permettra de renverser l’ordre existant. Aussi, les BRICS existent dans un contexte de détérioration[1] des relations russo-occidentales.
Par ailleurs, sur le plan géoéconomique, le Kremlin a favorisé la création des BRICS pour les raisons de stimulation du développement économique. L’adoption de sanctions par l’Occident dans le cadre du conflit ukrainien a bloqué les échanges commerciaux, les investissements et les transferts de technologies dans de nombreux secteurs. A ce titre, les BRICS constituent un cadre idéal au sein duquel la Russie s’adapte à la nouvelle donne. Et cette organisation lui facilite certains investissements à grande échelle, permettant de compenser la perte de ressources provenant de l’Europe (Kuznetsova & Kuleshova 2019 : 289).
2. Les acteurs privilégiés de la Russie au sein du BRICS
Pour un repositionnement certain sur la scène international, le Kremlin a compris depuis qu’il fallait se nouer des alliances. Au sein du BRICS, ses relations tissées sont de diverses natures.
2.1. La Chine, un partenaire essentiel
La Chine, deuxième économie mondiale, est un acteur potentiel pouvant contribuer au développement économique de la Russie. La Chine et la Russie partagent une affinité idéologique pour l’autoritarisme, et leur partenariat repose sur trois piliers centraux. Le premier est l’opposition politique et diplomatique aux États-Unis, notamment aux Nations unies. La Chine et la Russie partagent la volonté d’atténuer la domination américaine et de contester la légitimité de l’universalisme libéral occidental. La Chine et la Russie veulent assurer la sécurité politique des régimes autoritaires contre ce qui est perçu comme la menace libérale hégémonique des États-Unis.
Le deuxième pilier concerne la coopération sino-russe en matière de défense et englobe les exercices militaires et les ventes d’armes. Le troisième pilier a trait à la complémentarité économique : la Chine a besoin de matières premières, tandis que la Russie a besoin de marchés d’exportation pour ses matières premières. En effet, cette affirmation géopolitico – stratégique soutient que la guerre actuelle en Ukraine ne brisera pas le partenariat « illimité » sino-russe et accélérera la bipolarisation du monde. La guerre en Ukraine met en lumière l’évolution du partenariat sino-russe des années 2000 jusqu’aujourd’hui. Des années 2000 à 2014, le partenariat sino-russe s’est progressivement renforcé avec une nette accélération à partir de 2014 dans tous les domaines : coopération politico-diplomatique à l’ONU, complémentarité économique et coopération en matière de défense fondée sur une convergence géopolitique. Cette solidification continue du partenariat sino-russe est marquée par les liens entre militaires et les exercices militaires conjoints qui se sont multipliés au cours de cette période (2000-2014) et qui ont contribué à accroître la confiance mutuelle et l’interopérabilité. Ce rapprochement s’est traduit diplomatiquement par des votes similaires pour contrer les États-Unis au Conseil de Sécurité des Nations Unis (CSNU). Depuis l’annexion de la Crimée, la Russie et la Chine se sont rapprochées dans tous les aspects de leurs relations. Tout comme la Chine l’avait fait en 2008 après l’attaque de la Géorgie par la Russie, Pékin s’est abstenu de voter en faveur des résolutions du CSNU invalidant les résultats du référendum séparant la Crimée de l’Ukraine pour en faire une partie de la Fédération de Russie. De plus, un an après l’annexion de la Crimée, Xi et Poutine ont réussi à signer un accord visant à rendre complémentaires des projets politico-économiques transnationaux initialement concurrents : la Belt and Road Initiative (BRI) de la Chine et l’Union économique eurasiatique (UEE) de la Russie. La Russie a réévalué les ambitions de la Chine en Asie centrale, qui étaient auparavant considérées comme concurrentielles avec des domaines de coopération mineurs, étant donné la volonté de la Russie de maintenir sa prépondérance dans la sphère postsoviétique. En 2017, la Chine et la Russie ont utilisé pour la sixième fois leur veto pour bloquer une résolution du CSNU soutenue par l’Occident visant à sanctionner le régime de Bachar al Assad concernant son utilisation d’armes chimiques en Syrie. En 2021, la Chine et la Russie ont soutenu la suppression des sanctions économiques contre l’Afghanistan. Elles ont appelé au déblocage des avoirs du pays en opposant leur veto à une résolution du CSNU visant à demander des comptes au régime des talibans. On peut également mentionner la coopération sino-russe pour atténuer les sanctions imposées à la Corée du Nord et à l’Iran.
Un autre rapprochement sino-russe significatif depuis 2014 concerne les domaines économique et technologique. Après l’annexion de la Crimée, la Russie a décidé de réorienter l’économie russe vers la Chine. L’objectif était de faciliter les investissements chinois dans les grandes infrastructures et les projets liés à l’énergie pour exploiter les ressources naturelles de la Russie et vendre massivement des hydrocarbures et des produits agricoles à la Chine. Un méga deal de 400 milliards de dollars a été signé en 2014 pour les exportations de gaz russe vers la Chine via le gazoduc Power of Siberia (pompant 38 milliards de mètres cubes de gaz par an), qui a été achevé en 2019. De plus, il existe de grands projets et collaborations technologiques en cours. En 2014, la Chine et la Russie ont créé la « Commission Chine-Russie sur l’importante de la coopération stratégique en matière de navigation par satellite » (Titarenko 2014 : 213).
L’Administration spatiale nationale chinoise et l’Agence spatiale fédérale russe travaillent conjointement, depuis 2015, au développement de composants spatiaux pour leurs systèmes de navigation par satellite respectifs : Beidou et Glonass. On peut également voir une coopération se mettre en place sur la technologie des moteurs aéronautiques. En 2017, l’Institut chinois de recherche sur l’aviation a signé un protocole d’accord avec l’Institut central des moteurs d’aviation de Russie. En 2020, la Chine et la Russie ont convenu de renforcer ces collaborations en établissant une feuille de route pour la science, la technologie et l’innovation jusqu’en 2025. Dans le cadre de cette initiative, il existe, entre autres, un fonds d’investissement conjoint pour les projets de haute technologie afin de développer la coopération dans des domaines critiques comme la recherche sur l’intelligence artificielle (Titarenko 2014 : 213).
L’annexion de la Crimée a également déclenché une coopération plus approfondie entre les armées russes et chinoises, notamment en 2017 avec la signature d’une nouvelle feuille de route pour la coopération militaire. Depuis 2014, des exercices maritimes conjoints (organisés pour la première fois en 2012) ont eu lieu dans les régions d’intérêt de chacun. Par exemple, les exercices navals sino-russes de 2014 ont eu lieu en mer de Chine orientale, près des îles Senkaku contestées, tandis qu’en 2017, la Chine a renvoyé l’ascenseur en acceptant de s’entraîner en mer Baltique. En 2016, la Chine et la Russie ont mené pour la première fois un exercice de sécurité aérospatiale. Cette manœuvre était centrée sur la « défense aérienne et antimissile, l’appui-feu opérationnel et mutuel, et les frappes de missiles balistiques et de croisière sino-russes ». Très important également, la Chine est incluse dans l’exercice annuel du commandement stratégique de la Russie depuis 2018. Il s’agit d’une solidification majeure des liens sino-russes en matière de défense.
Le désir de la Russie de refaire surface en temps qu’une véritable puissance ne pourra se faire que si elle étend son partenariat vers d’autres horizons tel l’Afrique.
2.2. L’Afrique du Sud, un tremplin vers l’Afrique
Depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000, la Russie n’a cessé d’affirmer son retour en tant qu’acteur géopolitique de premier plan sur la scène internationale. La réaffirmation de la Russie en Afrique sous l’ère de Poutine renaît à partir de 2006. Poutine visite l’Afrique du Sud, qui, comme la Russie, fait partie de l’organisation économique informelle des BRICS, pour instaurer un dialogue avec un partenaire économique. Le rapprochement entre la Russie et les pays africains connaît un tournant à partir de 2014. La Russie profite du désengagement étatsunien consécutif aux printemps arabes pour se rapprocher du président Al-Sissi. En septembre 2014, les deux États signent un contrat d’armement de 3,5 milliards de dollars. Le pays peut compter sur l’appui de ses anciens satellites du bloc soviétique, sur les partenariats économiques avantageux avec la Chine. En intervenant dans le conflit syrien au côté de Bachar al-Assad à partir de 2015, la Russie a aussi démontré qu’elle est à nouveau capable de projeter ses forces militaires. Dans le prolongement de cette ambition de réaffirmation de sa puissance, la Russie s’intéresse désormais à un autre territoire éminemment stratégique : le continent africain. Depuis, l’Égypte et la Russie sont liées par de nombreux traités de collaboration militaire. Par ailleurs, un accord conclu en 2015 prévoit une coopération entre l’entreprise publique russe nucléaire Rosatom et l’Égypte. Cette coopération aboutit en 2017 à un accord actant la construction de la première centrale nucléaire en Égypte à partir de 2022 dans la région de Dabaa.
La Russie s’intéresse particulièrement à l’Afrique pour son potentiel économique. Les économies africaines, dynamiques et en plein essor, constituent de véritables opportunités commerciales. Ainsi, les échanges commerciaux entre la Fédération de Russie et le continent africain atteignent 20 milliards de dollars en 2018. Soit 17,2% de plus que l’année précédente (Kalika 2019 : 20). Côté exportations, les ventes russes en direction de l’Afrique ont doublé en l’espace de trois ans pour atteindre 17,5 milliards de dollars. L’Afrique recèle par ailleurs de nombreuses richesses minières et énergétiques. Les ressources hydrocarburées attirent particulièrement les compagnies russes. Gazprom est déjà largement implanté dans le Sahara. Dans le domaine pétrolier, nous pouvons citer Rosneft, bien installée en Afrique du Nord. De son côté, Lukoil, premier producteur russe, continue de trouver de nouveaux champs de pétrole au Nigéria et au Ghana. La Russie est devenue en 2018 le premier exportateur d’armes en direction du continent africain : 49 % des armements achetés par des pays du Maghreb proviennent de Russie, contre 15 % des États-Unis et 7,8 % de la France (Kalika 2019 : 20). Cette coopération repose en outre sur la présence de sociétés militaires privées (SMP) russes dans divers points chauds du continent africain comme soutiens aux armées des gouvernements africains. Tel est le cas du groupe Wagner. Si les SMP sont des entreprises paramilitaires, théoriquement indépendante du pouvoir étatique, dans le cas de Wagner, l’organisation est liée au gouvernement dans le but d’assurer la défense des intérêts extérieurs de la Russie. En octobre 2019 s’est tenu le sommet de Sotchi réunissant une quarantaine de chefs d’État africains. L’objectif de cette réunion internationale était de marquer officiellement le retour de Moscou sur le continent africain, vingt-huit ans après l’avoir délaissé. Au-delà de la démonstration de force diplomatique, ce sommet avait pour objet la signature de plusieurs traités bilatéraux et multilatéraux. Le but affiché était de doubler les échanges entre la Russie et les pays africains à l’horizon 2024. Cet objectif ambitieux permettrait à la Russie de se rapprocher des niveaux français[2].
Un des axes majeurs de la présence de la Russie en Afrique repose largement sur des considérations militaires et sécuritaires. Dans cette perspective, vingt-sept accords de coopération militaire ont été passés entre la Russie et des États africains entre 2010 et 2020. Le groupe Wagner s’est particulièrement déployé depuis 2021 et le désengagement militaire de la France, occupée au Sahel par l’opération « Barkhane », notamment en Centrafrique et au Mali. La coopération militaire et sécuritaire permet ainsi au Kremlin de s’attirer les faveurs de régimes qui comptent sur l’expertise des formateurs et opérateurs russes privés ou non et sur les armes fournies avec pour se maintenir au pouvoir. La Russie en contrepartie accroît son influence sur la zone et décroche des contrats avantageux dans divers secteurs. Ces médiations sont souvent soutenues avec la collaboration de l’Afrique du Sud qui est un acteur important dans les relations Russie – Afrique.
Le retour de la Russie en Afrique correspond à la volonté de Poutine de faire de la Russie une grande puissance internationale. L’affirmation de Moscou sur le continent africain ne se fait toutefois pas sans heurts. A titre d’exemple, la Société privée Wagner qui cristallise certaines tensions au Sahel est tenue pour responsable de certains abus à l’encontre des civils en République centrafricaine pendant la guerre. Cette société militaire privée « se substituerait » à l’autorité de l’Etat. Ces faits déstabilisent et répandent une mauvaise image de la Russie[3].
3. Les objectifs de la stratégie russe dans les BRICS : stabilité mondiale, souveraine étatique et multipolarité
Dans le langage diplomatique de Moscou, la stratégie russe via les BRICS a des objectifs clés à atteindre. Ces objectifs seraient entre autres ; la stabilité mondiale, la souveraineté étatique et la multipolarité.
3.1. La recherche de la stabilité mondiale
Lors de la dernière réunion des dirigeants du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud en novembre 2019, le président russe Vladimir V. Poutine a réaffirmé l’importance de la continuité dans l’agenda des BRICS. Poutine a déclaré que la Russie, durant sa présidence en 2020, continuera à développer l’épine dorsale de la coopération au sein du groupement au profit de tous les pays du G5. La devise de la présidence russe, « Partenariat BRICS pour la stabilité mondiale, la sécurité partagée et la croissance innovante », a mis en évidence les trois principales priorités qui figuraient en tête de l’ordre du jour proposé par la Russie à ses partenaires de l’association. Cependant, la pandémie de coronavirus a déplacé l’attention dans les affaires internationales et a apporté des ajustements aux plans de la présidence russe, redéfinissant ainsi l’objectif.
Les plans de Poutine pour l’avenir prévoyaient que la Russie continuerait à donner « la priorité à l’interaction avec les partenaires des BRICS ». Cela se confirme dans son discours lors du sommet BRICS, le 24 juin 2022[4]. Cette structure unique, créée en 2006, symbolise le plus clairement la transition de l’unipolarité vers un ordre mondial plus « équitable » (Leonova, Popova 2020 : 163) Cette vision est en outre consacrée par la déclaration du ministre russe des affaires étrangères, Lavrov Sergei, selon laquelle la création des BRICS est devenue « l’un des événements géopolitiques les plus importants depuis le début du nouveau siècle » (Lavrov 2012 : 96).
Ainsi, les questions de stabilité mondiale ont toujours figuré parmi les priorités de la Russie au sein des BRICS. La Russie a toujours plaidé en faveur du développement de la coordination de la politique étrangère entre les cinq pays dans les principaux forums internationaux, principalement aux Nations unies, où les pays de l’association ont déjà accumulé une expérience positive d’interaction. Cependant, la pandémie a obligé de nombreux pays à se concentrer sur leur politique intérieure, exacerbant ainsi un certain nombre de conflits internationaux et élevant le niveau des relations internationales dans cette période déjà difficile. Il semblerait logique que, dans le contexte d’une escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, les pays du BRICS, dont la Russie, doivent choisir en faveur de l’une des parties. Toutefois, aucun des pays du BRICS, en particulier la Russie, ne souhaite entrer dans un conflit avec les États-Unis ou la Chine. Cela signifie que le rôle des BRICS pour assurer la stabilité mondiale et un ordre mondial durable, malgré sa rupture radicale dans le contexte de la crise coronaire, devrait s’accroître. Il est important que la Russie profite de cette occasion pour donner la priorité à la Russie au sein des BRICS et proposer à ses partenaires de développer un algorithme unifié et équilibré d’actions en réponse aux défis de la pandémie et pour renforcer le rôle des BRICS en tant qu’ « île de stabilité » dans ce monde turbulent.
La sécurité est une autre priorité constante sur laquelle la Russie fonde ses relations avec ses partenaires des BRICS. Les pays BRICS parlent traditionnellement d’une seule voix sur un certain nombre de questions figurant à l’ordre du jour de la sécurité internationale, notamment le maintien de la paix, la lutte contre la menace du terrorisme et de la criminalité transnationale, et le traitement conjoint des principaux problèmes mondiaux et régionaux. La Russie préconise que les pays BRICS jouent un rôle plus actif dans la promotion d’initiatives sur la plate-forme de l’ONU, mécanisme clé pour garantir la paix et la sécurité. L’une des tâches prioritaires pour l’interaction des cinq pays aux Nations unies semble être l’élaboration de normes internationales communes en matière de prévention du terrorisme et de lutte contre la propagation de l’idéologie terroriste, y compris sur Internet. Sous sa présidence, la Russie a prévu de prendre le relais du Brésil et de contribuer au renforcement de la coopération des BRICS en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et de recouvrement des avoirs provenant d’activités criminelles. La partie russe a proposé l’élaboration d’une stratégie antiterroriste des BRICS qui permettrait de progresser de manière significative vers la finalisation d’une convention globale sur le terrorisme international et son adoption par l’Assemblée générale des Nations unies. Toutefois, en raison des mesures restrictives adoptées en réponse à la propagation du coronavirus, ces objectifs ont été temporairement éclipsés par les plans nationaux visant à faire face à la pandémie et à ses conséquences.
Les BRICS permettent à la Russie de « diversifier ses liens économiques, notamment sous les sanctions», mais aussi de faire la promotion de la souveraineté des États et de la multipolarité.
3.2. La promotion de la souveraineté des états et la multipolarité
D’une part, il ne fait aucun doute que, sur le plan culturel, historique et civilisationnel, la Russie appartient davantage à l’Europe qu’à l’Asie ; elle se situe davantage au Nord géopolitique qu’au Sud. C’est ce fait qui a largement déterminé la réticence pratique de la Russie à diversifier réellement sa propre politique étrangère et à percevoir les pays en développement comme des partenaires égaux et sérieux. Toutefois, comme indiqué ci-dessus, lorsque la Russie a pris conscience de l’impasse dans laquelle se trouvait le développement de relations mutuellement bénéfiques et égales avec l’Occident, elle a commencé à prendre l’idée de Primakov Evgueni, ancien président du soviet suprême de l’Union Soviétique, président du gouvernement de la Fédération de Russie, plus au sérieux et à la mettre en pratique. Ainsi, selon (Toloraya 2011 : 17), éminent spécialiste russe des relations internationales, « notre pays n’a aucune possibilité de regagner seul l’influence dont jouissait l’Empire russe, puis l’URSS ». Par conséquent, pour Moscou, les BRICS sont « un outil grâce » auquel elle peut renforcer sa position dans le système de gouvernance mondiale, ainsi qu’une « alternative géopolitique potentielle pour le XXIe siècle ».
Les approches des pays BRICS se caractérisent par une ligne de rejet de l’ingérence dans l’exercice de la souveraineté nationale et de leur propre autonomie, qui est déterminée par le fait qu’aucun des cinq n’est prêt à imposer des restrictions à l’agenda national et aux décisions politiques imposées par les pays occidentaux. Ainsi, un certain nombre d’experts définissent les BRICS comme des « faucons de la souveraineté » dont la politique consiste à protéger la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, ce qui est inscrit sans équivoque dans la Charte des Nations unies. En conséquence, les pays BRICS s’opposent aux politiques interventionnistes et à la libéralisation économique et financière. La Russie souhaite également démontrer, par le biais des travaux des BRICS, les avantages de la « diplomatie des réseaux », qui permettrait d’éviter les contraintes politiques internes propres à la plupart des institutions occidentales (Titarenko 2014 : 25).
Il convient également de noter ici que, contrairement aux écoles de pensée politique occidentales, de nombreux politologues et hommes politiques russes voient l’ordre mondial à travers le prisme de la Charte des Nations unies, accordant une importance particulière à la structure démocratique de la gouvernance mondiale – une communauté mondiale où tous les pays, quels que soient leur système politique et leur mode de gouvernance, sont considérés comme des membres à part entière de cette communauté, par opposition à une société mondiale composée uniquement de pays reconnus par l’Occident comme démocratiques. Cela se reflète également dans la position officielle de la Fédération de Russie en ce qui concerne les activités des institutions internationales et l’interaction entre les pays du monde.
Une autre position commune aux pays BRICS est leur soutien à un monde multipolaire, par opposition à un monde unipolaire. Comme indiqué ci-dessus, la Russie a d’abord lancé l’idée d’un accord Russie-Inde. Le triangle de la Chine et la diplomatie multi-vectorielle au milieu des années 1990, ce qui se reflète également dans les documents officiels. Si, dans la première moitié des années 1990, la politique étrangère russe s’est d’abord concentrée, tant en théorie qu’en pratique, sur des tentatives d’intégration totale avec les pays et institutions occidentaux, le discours présidentiel de 1997 à l’Assemblée fédérale révèle une évolution significative de la pensée vers une plus grande diversification de la politique étrangère. Parmi les objectifs de politique étrangère, les plus importants étaient :
– protéger les intérêts nationaux de la Russie sans glisser vers la confrontation, mais sur la base du renforcement de la stabilité et d’un élément de coopération dans les relations internationales,
– créer un système de relations internationales fondé sur la multipolarité et sur l’idée que le monde “ne devrait pas être dominé par un seul centre de pouvoir”, en tenant compte du fait que « le monde du XXIe siècle devrait moins dépendre de la puissance militaire et beaucoup plus de l’État de droit » (Toloraya 2011 : 163).
Plus tard, en juin 2000, un nouveau Concept[5] de politique étrangère russe a été adopté, déjà sous la présidence suivante de Vladimir Poutine, qui notait que la Russie « chercherait à former un système multipolaire de relations internationales, reflétant réellement la diversité du monde moderne avec ses divers intérêts » et basé sur des « mécanismes de solutions collectives aux problèmes clés », avec la priorité du droit international et de la « démocratisation des relations internationales ». Dans la version suivante du Concept[6] de politique étrangère de la Russie de 2008, l’importance de renforcer le potentiel économique des « nouveaux centres de croissance mondiale, associés, entre autres, à une répartition plus équitable des ressources de développement en raison de la libéralisation des marchés mondiaux » a été particulièrement soulignée. Ainsi, la puissance économique croissante de ces pays et régions conduit objectivement à une augmentation de l’influence politique de ces acteurs avec des tendances supplémentaires vers la formation d’un ordre mondial polycentrique.
En outre, la vision officielle du développement mondial note que « pour la première fois dans l’histoire moderne, la concurrence mondiale acquiert une dimension civilisationnelle, qui implique une compétition entre différentes valeurs et différents modèles de développement dans le cadre des principes universels de la démocratie et de l’économie de marché ». Et dans le même document[7], la partie russe reproche à ses partenaires occidentaux leur incapacité à faire face à « la perspective de voir l’Occident historique perdre son monopole sur les processus de mondialisation », ce qui conduit, entre autres, à « l’inertie de l’attitude politique et psychologique visant à « contenir » la Russie ». Toujours conformément au concept, l’accent est à nouveau mis sur le fait que :
« La stratégie de l’action unilatérale déstabilise la situation internationale, provoque des tensions et une course aux armements, aggrave les contradictions entre États, alimente les discordes nationales et religieuses, menace la sécurité d’autres États et conduit à une tension accrue dans les relations intercivilisationnelles ».
La position officielle de la Russie se caractérise également par un engagement clair en faveur de la définition du rôle central de l’ONU, qui, avec la multipolarité, les principes de souveraineté et l’État de droit, est partagé par tous les pays BRICS.
Ce mécanisme est considéré comme un nouveau modèle de relations mondiales dépassant les anciennes barrières qui divisent l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, ce qui permettra aux BRICS de se transformer progressivement en un « partenariat stratégique multilatéral sur un large éventail de questions économiques et politiques mondiales ». La Russie est également très audacieuse dans sa vision de l’avenir des BRICS, estimant que l’idée d’un « pont » entre le Nord et le Sud, ou d’un travail uniquement au sein du Sud géopolitique, réduirait considérablement les possibilités de ce mécanisme en tant qu’acteur indépendant sur la scène internationale (Leonova & Popova 2020 : 163).
Les points évoqués ci-dessus ont été brièvement exposés sur ce que veulent les pays du BRICS et comment la Russie voit ce mécanisme. Mais le fait est que les BRICS n’existent pas dans le vide et une question tout aussi importante est de savoir comment ce « club » est perçu par d’autres acteurs importants, en particulier les trois anciens centres de pouvoir comme les États-Unis, les occidentaux et l’ONU, qui continuent dans le même temps à être les « timoniers » du système actuel de relations internationales.
L’importance de la Russie se manifeste bien dans le maintien conjoint de la paix et de la sécurité en Europe, ainsi que dans la coopération en matière de lutte contre la prolifération nucléaire, le terrorisme, le changement climatique et l’immigration clandestine.
Conclusion
Pour résumer ce qui précède, il convient de noter une fois encore que le format BRICS est une occasion pour la Russie de renforcer sa position dans le système du nouvel ordre mondial et de résister aux sanctions économiques. En effet, les BRICS ont un grand potentiel pour approfondir la coopération économique, notamment dans le domaine des investissements, où l’intérêt pour la coopération est généralement fort. Ils peuvent devenir un pilier inestimable de la nouvelle architecture économique émergente. Cela est dû à la présence d’une base de ressources puissantes: au Brésil, c’est l’agriculture, en Russie, les minéraux, en Inde, les ressources intellectuelles, en Chine, la main-d’œuvre bon marché, et en Afrique du Sud, les ressources naturelles. La stratégie de partenariat économique des BRICS jusqu’en 2025 définit le vecteur de développement de l’unification des BRICS et définit le cadre de coopération des «cinq» en fonction des tendances et des conditions économiques actuelles. En substance, les BRICS représentent un nouveau modèle de relations internationales. C’est une alternative à un ordre mondial unipolaire, pro-américain et orienté vers les besoins des pays développés. Aussi, la participation de la Russie dans les BRICS est un moyen de résoudre les problèmes qui se posent dans les relations avec les États-Unis et les pays occidentaux. Il s’agit notamment du développement du potentiel militaire de la Russie et de l’établissement d’un climat économique équitable. En cela, la Russie y mène une politique active, dans le sens où, elle fait preuve d’une volonté de répondre conjointement aux nouveaux défis mondiaux, notamment les chocs macroéconomiques et l’instabilité financière, afin d’élaborer un programme économique positif, équilibré et clair, y compris dans le domaine de la coopération intra-BRICS.
Toutefois, la réalisation de la stratégie russe dépendra d’une réelle intensification des efforts, tant au niveau interétatique qu’au niveau des entreprises. Le développement de la coopération économique avec les pays du BRICS à l’image de la Chine et l’Afrique du sud, dépendra en grande partie de la Russie. Cela dépendra de la manière dont elle réussira à mener à bien ses tâches de modernisation de l’économie, de restructuration, d’amélioration du climat d’investissement, de réforme des institutions étatiques les plus importantes, etc. Tout en faisant un usage flexible de leurs capacités, Les BRICS peuvent contribuer à accroître le pouvoir de négociation de la Russie dans les relations internationales.
Bien sûr, le ralentissement de la croissance économique, les problèmes internes des pays, ainsi que des facteurs externes difficilement prévisibles, peuvent ajuster de manière significative les activités de l’association. Cependant, une coopération mutuellement bénéfique entre les États membres peut avoir un effet avantageux sur le développement économique non seulement pour eux, mais aussi pour le monde financier international dans son ensemble à long terme.
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Auteur
Françoise Christiane NDAKISSA ONKASSA
Enseignante-Chercheuse (Assistante)
Centre de Recherches et d’Études en Histoire et Archéologie
Université Omar Bongo de Libreville (Gabon)
Courriel : ndakissafrancoise@gmail.com
© Édition électronique
URL – Revue Espaces Africains : https://espacesafricains.org/
Courriel – Revue Espaces Africains : revue@espacesafricains.org
ISSN : 2957-9279
Courriel – Groupe de recherche PoSTer : poster_ujlog@espaces.africians.org
URL – Groupe PoSTer : https://espacesafricains.org/poster/
© Éditeur
– Groupe de recherche Populations, Sociétés et Territoires (PoSTer) de l’UJLoG
– Université Jean Lorougnon Guédé (UJLoG) – Daloa (Côte d’Ivoire)
© Référence électronique
Françoise Christiane NDAKISSA ONKASSA, « Les grandes stratégies de la Russie au sein des BRICS (2000 à nos jours) », Revue Espaces Africains (En ligne), 2 | 2022 (Varia), Vol. 2, ISSN : 2957- 9279, mis en ligne, le 30 décembre 2022.