Espaces Africains

L’organisation socio-culturelle autour du jàmbàdóŋ danse-des-feuilles en milieu manding au Sénégal

AUTEUR : Lamine TOURE

Résumé

Le jàmbàdóŋ, dont il est question ici est une pratique issue du registre culturel des Manding au Sénégal. Il est significativement marqué aujourd’hui par sa reproduction banalisée dans les villes et son inscription dans les répertoires musicaux au Sénégal posant avec acuité la question du devenir de l’identité culturelle qui lui est intrinsèquement liée. Cette présente étude, inscrite dans l’approche dynamique fondée sur la démarche qualitative avec des entretiens et observations de terrain, cherche à contribuer à la connaissance des fondements sociaux et culturels de cette pratique souvent reproduite en ville et incorporée dans les répertoires musicaux avec une totale ignorance par ces « adeptes modernes » de sa signification véritable.

En pointant l’analyse sur les formes de sociabilité, l’identité collective, les codes de conduite qui se dessinent autour de cette pratique culturelle, cette recherche a montré que dans le contexte de changement social, les pratiques culturelles relevant de l’ordre « traditionnel » sont remises en question au profit de la modernité, entrainant souvent des conflits qui remettent en question le cours de la vie. Les résultats de cette recherche nous ont permis de comprendre que dans ce contexte de changement social, l’organisation sociale et celle culturelle qui structurent la mise en scène du jàmbàdóŋ et les conséquences de la dislocation de cette organisation entrainent sa banalisation à travers son incorporation dans d’autres registres pourtant contraires aux règles de bienséance qui la structurent. Ce qui pose avec acuité la proposition d’adoption de pratiques culturelles de réparation, qui pourtant, inscrite dans la suite de l’anthropologie dynamique, devrait être le concept far des recherches en sciences sociales en Afrique aujourd’hui.

Mots-clés : Organisation sociale, réparation culturelle, danse, Manding, Sénégal.

Abstract

The jàmbàdóŋ, which is discussed here, is a practice originating from the cultural register of the Manding in Senegal. It is significantly marked today by its widespread reproduction in cities and its inclusion in musical repertoires in Senegal, acutely raising the question of the future of the cultural identity that is intrinsically linked to it. This present study, which is part of a dynamic approach based on a qualitative approach with interviews and field observations, seeks to contribute to the knowledge of the social and cultural foundations of this practice, which is often reproduced in cities and incorporated into musical repertoires, leaving these “modern followers” completely unaware of its true meaning.

By focusing the analysis on the forms of sociability, collective identity, and codes of conduct that emerge around this cultural practice, this research has shown that in the context of social change, cultural practices belonging to the “traditional” order are being questioned in favor of modernity, often leading to conflicts that call into question the course of life. The results of this research have allowed us to understand that in this context of social change, the social and cultural organization that structures the staging of jàmbàdóŋ and the consequences of the dislocation of this organization lead to its trivialization through its incorporation into other registers, however contrary to the rules of decency that structure it. This acutely raises the proposal for the adoption of cultural practices of reparation, which, however, inscribed in the wake of dynamic anthropology, should be the far concept of social science research in Africa today.

Keywords : Social organization, cultural reparation, dance, Manding, Senegal.